Les forces de l’ordre sont un ensemble d’institutions dont le travail est de veiller à l’ordre public et au respect de la loi. A ce titre, la police nationale et municipale, la gendarmerie, les douanes, les CRS, le GIPN, la BAC… mais aussi l’armée (terre, mer et air) en font partie.
Des origines à nos jours
Le mot ” police ” vient du latin « politia » qui, lui-même, trouve son origine dans le grec politeia (art de gouverner la cité), lequel dérive du mot polis (cité, ville). En vieux français, pollice signifiait ” gouvernement “. Au fil des ans, le mot s’est limité à la gestion d’une cité pour acquérir son sens actuel d’organe, de règle et de mission permettant d’assurer le maintien et le rétablissement de l’ordre public.
Les missions de défense et de sécurité intérieure sont dévolues à :
- La police nationale, force civile rattachée à l’État :
- La gendarmerie nationale, force militaire rattachée à l’État ;
- La police municipale, force civile rattachée aux communes.
Ils assurent un devoir de sécurité qui recoupe une réalité d’activité, de métiers et de mission.
Un métier, une vocation :
En tant que citoyen, nous avons le droit d’être défendu par des femmes et des hommes qualifiés et formés pour intervenir dans de nombreuses circonstances.
Quel que soit le corps de rattachement, on retrouve des dénominateurs communs, tels que le plaisir d’être au service de la population, servir son pays, ainsi que le sentiment d’utilité que procure l’assistance apportée aux citoyens.
L’esprit de corps, le plaisir du travail en équipe avec un collectif très soudé sont autant de possibilités d’isolement.
Ce travail d’une grande richesse offre aussi un regard sur l’humain et la société, que peu de métiers permet.
Les conditions de travail
Une enquête effectuée en 2017, par le syndicat Alliance, auprès de 8 832 policiers dévoile le mal être des policiers d’investigation. La police judiciaire plutôt considérée comme un corps d’élite serait en crise. La surcharge de “tâches annexes” et la “complexification de la procédure” éloigne les policiers de leur cœur de métier :
- 32% des sondés disent passer plus de 50% de leur temps à rédiger des actes administratifs et statistiques,
- 70% d’entre eux affirment ne pas pouvoir faire face à leur charge de travail,
- 57,61% estiment que la formation qui leur est apportée est inadaptée,
- 68,32% de sondés ne s’estiment pas soutenus par leur hiérarchie. Ce sentiment est porté à 85,22% en sécurité publique.
Une directive européenne datant de 2003 qui impose, à tous les salariés, une période minimale de repos de 11 heures consécutives sur chaque période de 24 heures. Depuis février 2016, le Ministère de l’Intérieur, a l’obligation, de faire respecter cette directive.
Si l’on prend l’exemple des hommes des Compagnies républicaines de sécurité (CRS), ils obtiennent un jour de repos tous les sept jours et ont huit heures de repos entre chaque mission, sauf, comme les gendarmes, en cas de maintien de l’ordre. Ils sont donc sous prétexte de faire partie « des forces de l’ordre » corvéables à merci.
Il leur est demandé une disponibilité amenant inévitablement à des concessions personnelles, où la barrière entre vie privée et vie professionnelle est souvent oubliée.
En mars 2016, les policiers d’élite du service de la protection (SLDP) réclamaient un million d’heures supplémentaires et fin 2016, environ 20 millions d’heures supplémentaires dans la police nationale.
Des rythmes de travail difficiles qui contribuent à la fatigue et à la colère des policiers, qui réclament de meilleures conditions de travail.
En 2017, l’union des policiers indépendants l’UPNI, lance un concours photos pour alerter sur les conditions de travail. Voitures défectueuses, locaux insalubres, bâtiments délabrés, matériel obsolète… apparemment un quotidien pour bon nombre d’entre eux.
Les suicides :
1.133 policiers qui ont mis fin à leur jour depuis 25 ans soit une moyenne de 45 personnes par an. C’est la profession la plus touchée, avec un taux de suicide au moins trois fois plus important que dans la population générale.
Usure du métier, difficultés à absorber la résilience des problématiques.
Il y a souvent très peu de différence entre vie privée et vie professionnelle, les horaires décalés et la nature des missions ne favorise pas la vie de couple ou de famille. Bon nombre sont célibataires. Le métier est générateur de stress, d’éloignement familial, de désocialisation avec des week-ends quasi systématiquement au travail…
Le manque de reconnaissance :
Les forces de l’ordre sont gardiennes face à la violence en temps de paix et se retrouvent en opposition systémique, à l’égard des aspirations d’un certain nombre de citoyens. Elles se retrouvent souvent en difficultés avec les règles de la démocratie, tout en étant censées en être les garantes. C’est là toute la difficulté d’une démocratie…
La vision de la population sur le métier est le reflet du mal-être de cette profession.
Il parait légitime de se questionner sur les honneurs donnés a si peu fonctionnaires des forces de l’ordre, par rapport à des artistes, sportifs…
Tout comme pour le corps médical, la reconnaissance n’est visible que lorsqu’il y a des catastrophes, mais hélas, elle reste très éphémère.
Un collectif de femmes des forces de l’ordre qui se veut apolitique et a syndicale, témoigne au nom de ceux qui sont soumis au devoir de réserve afin d’éclairer les citoyens sur la réalité du métier.
En 2016, sur les 245 000 représentants des forces de l’ordre, il y a eu 26 policiers et gendarmes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur fonction et 18.721 blessés recensés en mission.
Les axes possibles d’améliorations des conditions de travail
Dans son livre « Violence and the Police : A Sociological Study of Law, Custom and Morality » de 1971, traitant de la sociologie des organisations policières, William Westley, met en avant la disposition des forces de l’ordre à être « un groupe social fermé, dans lequel l’action collective est orientée vers l’autoprotection et l’exclusion du monde extérieur ». Pour y palier, il suggère des mesures pour « impliquer la police dans la communauté et vice versa », renforçant l’idée qu’il devrait y avoir « moins de devoirs de police qui mènent à la confrontation publique et à la violence » et donc plus d’aide à la population. Que les améliorations comme « une formation solide et un salaire plus élevé offrent l’espoir d’un service de police plus responsable ».
Quelques points parmi tant d’autres, nécessitant une vision sur le long terme pour l’amélioration des conditions de travail :
- Respect du temps de repos et des horaires de travail avec une planification permettant de limiter l’impact de la vie professionnelle sur la vie privée ;
- Un management beaucoup plus orienté en soutien et aide ;
- Audit des flottes de véhicules en vue d’en réduire la vétusté :
- Véhicules mal entretenues ou trop anciennes :
- Véhicules de service réparés avec des morceaux de scotch ;
- Voitures qui prennent l’eau faute de joints ;
- Enrichir et élargir les formations :
- Refonte du cursus de formation du gardien de la paix ;
- Former les agents en psychologie ;
- Formation au logiciel des procédures ;
- Proposer des formations pour des reconversions…
- L’Unsa demande la suppression de la prime au mérite qui manque de transparence ;
- Remaniement des attributions de missions de gardes statiques, ou de protection ;
- Analyse du matériel alloué, gilets de protection, bouclier, armes ceinture au lieu de la cuisse…en vue de réduire le poids et d’en améliorer l’utilisation ;
- Systématisation de la prise en compte des situations d’éloignements familiales ;
- Réduire la lenteur pour évoluer en interne, qui en désespère plus d’un…
Engagement citoyen
En 2016, pour faire face aux besoins démultipliés de notre pays en matière de sécurité à la suite des attentats du 13 novembre, une session extraordinaire du concours de gardien de la paix a été organisée. 35 663 candidats se sont présentés pour 2 800 postes prévus. Seulement 8% d’entre eux pourront rejoindre les rangs de la police. Soit une hausse d’inscrit de plus de 50 %, par rapport au concours de septembre 2014.
En 2017, le Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb a annoncé le recrutement de “2500 à 3000 postes, en 2018 et 2019, dans la Police Nationale et la Gendarmerie”. Reprenant ainsi les propositions du candidat Macron, de créer 10.000 postes sur son quinquennat.
Par arrêté du 6 septembre 2017, 3371 postes ont été pourvus par les différents concours de gardien de la paix de la police nationale pour l’année 2017.
Un nouveau concours exceptionnel de gardien de la paix est ouvert depuis le 4 décembre 2017.
Nous les croisons chaque jour sans leur parler. Ils sont des femmes et des hommes invisibles sous des uniformes, devenus leur « étoile jaune », comme marque d’infâmie.
Le laxisme judiciaire, le manque de personnel, de moyens matériels et logistiques, sont autant de causes lésant les moyens d’actions des forces de l’ordre pour faire face à la montée incessante de la criminalité en France.
Ce décalage entre moyens et résultats, interroge sur l’imputabilité de nos gouvernements successifs quant à leur responsabilité régalienne de protection des citoyens, par leurs différentes réformes plus ou moins adaptées.
Une chose est certaine, si nos forces de l’ordre sont attaquées, nous sommes, en tant que citoyens, en danger.
Depuis le début de l’année, date à laquelle je finalise cet article, le 3 janvier 2018, ceux sont déjà 3 policiers dont 1 CRS qui ont mis fin à leurs jours.
Article rédigé par
Anne RICHARD
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